Noël, c’est le temps des retrouvailles en famille, du partage, des grands repas…mais aussi des discussions malaisantes, pour ne pas dire de la réanimation des conflits internes. Comme chaque année, on marchera sur des œufs pour éviter les sujets sensibles et les remarques blessantes sur les valeurs, la religion, les préférences alimentaires, les choix de vie, le travail, les orientations sexuelles, les relations amoureuses, les opinions politiques, etc. Je te rassure, on le fait toutes et tous, vraiment, comme si on n’avait pas d’autres alternatives au conflit ou au malaise pour aborder les sujets profonds et délicats que la bonne vieille méthode de la politique de l’autruche…

Et si aujourd’hui on te disait qu’une autre manière de faire était possible ? Et surtout qu’on peut, de manière plus générale, traiter des sujets qui pourraient paraitre conflictuels, de manière saine, positive et constructive ? Oui, constructive, ce n’est pas là juste un mot de la start-up nation qu’on a réussi à glisser habilement dans notre article pour en booster la lisibilité, mais bien constructive dans le sens ou elle permet de poser les fondations d’une relation basée sur des liens plus sincères et plus solides. Alors aujourd’hui, ton squad de Darlings s’est regroupé pour te proposer un guide de navigation de ces discussions difficiles, que tu pourras utiliser pour braver ces eaux troubles qui menacent de se déchainer lors de ces fêtes de Noël en famille, et même plus tard, au besoin.

 

Pourquoi les fêtes de fin d’année en famille font resurgir les conflits ?

🤦🏻‍♀️ Attentes VS réalité

Les fêtes de fin d’année sont sûrement les plus valorisées et médiatisées dans nos sociétés occidentales. On nous abreuve de films de Noël, de publicités et d’articles parlant de partage, d’amour, de familles aimantes, de retrouvailles, de bonheur. Dans nos esprits se cristallise alors cette idée que Noël est la fête de l’amour et de la joie…jusqu’à ce qu’on se retrouve face à la réalité. Dans la vraie vie, notre famille ne s’aime pas toujours, ses membres s’énervent souvent, les cadeaux sont parfois à l’opposé de ce qu’on aurait imaginé et les fêtes ne ressemblent finalement pas du tout à ce qu’on aurait voulu. La déception nait de ce décalage entre nos attentes et la réalité.

Le reste de l’année, on se voit peu

Cette déception est d’autant plus grande du fait qu’on ne se soit pas vu depuis longtemps. En règle générale, on rend visite à sa famille quelques fois par an, voire même seulement à Noël pour certains membres plus éloignés. Au moment des fêtes, on se retrouve donc face à une belle bande d’inconnus familiers qu’on a, d’une année à l’autre,  largement eu le temps d’oublier et de s’imaginer qu’ils ont changé, ou qu’ils auraient du, comme nous avons sûrement du changer aussi.

🧠 Points de vue et biais cognitifs

Si les fêtes de Noël sont souvent source de conflits, c’est aussi parce qu’on est généralement nombreux et nombreuses pendant ces quelques jours. Chaque membre de la famille vient avec son histoire, ses valeurs, sa vision des choses et te regarde en fonction de ses propres projections. En psychologie, on appelle ça des biais cognitifs. Il y en a plusieurs, mais celui qui retenti particulièrement reste le biais de confirmation : c’est celui qui fait qu’on « choisit » de ne reconnaitre que les faits qui confirme l’idée qu’on s’en est déjà fait auparavant. Plutôt fourbe, non ?

Les autres sont tout aussi bons à connaitre, et ils sont plutôt bien présentés dans cet article

🗯 Potentiel conflictuel de certains sujets de conversation

Il faut savoir que pendant chaque discussion, il y a deux types de communications qui sont pratiquées :

  • La communication explicite : celle qui sert à transmettre le message de manière directe
  • La communication implicite : …là où ça pèche

D’après Esther Perel, chaque communication implicite vise à établir ou affirmer une des relations suivantes :

  • Relation de pouvoir
  • Relation de proximité (créer de la proximité) et de soin (besoin de protection)
  • Besoin de reconnaissance

Il y a certains sujets qui excitent nos démons intérieurs plus que d’autres, notamment le besoin de protection (ou de sécurité), le besoin d’attention, la peur de l’échec et toute autre vulnérabilité qu’on aurait développé au cours de sa vie (et on en a toutes et tous), mais qu’on exprime différemment.

🤯 Par exemple le choix politique remet en question les fondations sécuritaires, et globalement la confiance qu’on porte dans le système dans lequel on évolue. Cela remet en question plus d’enjeux que le choix de la playlist, ce qui en fait un sujet d’autant plus sensibles à aborder en famille.

Comment mieux gérer ces situations de conflits ?

Qui dit gestion de conflit, dit négociation. Eh oui, tu ne t’attendais pas à se qu’on te dise qu’il fallait que tu négocies (les termes de cordialité) avec ta famille ! Pourtant, figure-toi que, consciemment ou inconsciemment, une grande partie de nos relations interpersonnelles reposent sur nos capacités à négocier et à composer avec les autres. Tu as plusieurs méthodes pour te donner des outils pour gérer cela :

La manipulation, par Machiavel feat Schopenhauer

Je les cite, car il est bon de savoir/se rappeler qu’il y a des gens qui utilisent des techniques de communications bien rodées pour arriver à des fins bien précises (on me dit à l’oreillette que ces gens là étaient appelés politiciens, ou commerciaux, ou commerciaux de la politique, qu’en sais-je). Il y a même un professeur de rhétorique de la Sorbonne, répondant au petit nom de Victor qui décrypte ces mécanismes dans un segment de l’émission CliqueTV, et qui a commencé un format de vidéo plus conséquent sur YouTube pour développer ce sujet, il me semble, Anne-Stalker pourra nous confirmer ça !

Je ne développerais pas plus ce point, parce que ça impliquerait qu’on donnerait beaucoup plus d’importance à la forme, qu’au fond du sujet. Et je pense qu’il n’y a pas meilleure manière de se planter que de négliger l’essence des sujets. Je t’avoue aussi que je trouve qu’il n’y a aucune gloire, aucun honneur à manipuler l’autre, quelles qu’en soit les motivations. Alors bon, passons, si tu le veux bien !

Les techniques de communication non-violente (CNV)

Cette technique est largement utilisée dans les milieux associatifs et militants. Voici le mode d’emploi pour l’utiliser avec ta famille :

  1. Détermine le sentiment qui en découle (tristesse, nostalgie, colère…), ainsi que le besoin qui n’a pas été écouté ou respecté. Tu trouveras la liste des besoins et sentiments ici.
  2. Formule une demande positive, claire, faisable.

En pratique, ça donne des phrases construites sur ce modèle : 

  • Lorsque [énoncer un fait]
  • Je me sens… [sentiment]
  • Car j’ai besoin de…[besoin]
  • Alors j’aimerais te demande de…[demande positive, claire, faisable]

💡 Petits conseils additionnels de Julie

  • Parle en utilisant le “Je” pour éviter toute sorte de jugements (« – tu fais ceci » « – non c’est faux je ne fais pas ça !« ) et de conflits. 
  • La colère n’est que l’expression d’un besoin non-satisfait. Trouver la véritable cause du problème, l’exprimer et trouver un moyen de la corriger, permet ainsi de traiter non pas les symptômes, mais l’origine du problème. On évite ainsi des conflits et mal-être systématiques. 

Technique de synthèse

La communication est une combinaison de deux attributs principaux : un fond et une forme. Le fond est l’idée qu’on va chercher à faire valoir, le vrai sujet qui taraude, tourmente peut-être même, qu’on essaie de transmettre. La transmission devra naturellement prendre une forme pour porter l’idée.

Du point de vue forme, la communication est une danse à 4 temps :

  • Ce qu’on dit
  • Ce qu’on ne dit pas, mais qu’on transmet par un canal de communication implicite parallèle au canal explicit
  • Ce qu’on prévoit recevoir comme réponse
  • Ce qui est interprété

La violence se cache souvent, par nature, dans les canaux indirects : à l’émission dans la communication implicite, et à la réception dans la différence entre l’interprétation de la réponse obtenue et ce qu’on avait déjà imaginé obtenir comme réponse (attentes).

Ceci dit, il existe quelques petites astuces qui méritent d’être connues, que tu pourras pratiquer et affiner au gré des circonstances et qui peuvent s’avérer utiles pour contrôler le cours de la discussion (notamment pendant ces fameux repas de fête en famille) :

  1. Se connaitre soi-même : ce qu’on veut transmettre comme idée, position, valeur ? pourquoi ça compte autant pour nous ? ce qu’on connait du sujet ?  ce qu’on est prêt à investir dans cette discussion, à perdre, les moyens de l’obtenir autrement : plus on a d’options, de cartes en main, plus on a de chances de bien s’en sortir
  2. Connaitre la personne en face, et surtout, la reconnaitre, en tant que personne, et non en tant qu’adversaire. C’est même une règle d’or, qui malheureusement à tendance à disparaitre de plus en plus dans des relations froides, intéressées et calculées. Mais il faut garder en tête qu’on est face à une personne, avec ses rêves, ses aspirations, ses contraintes, son expérience de vie dans tout ce que ça englobe. Et que cette personne parle depuis la perspective de cette expérience la et non depuis la tienne. Cela pourrait éviter des malentendus et sert généralement à maitriser le ton de la discussion.
  3. Ne pas accuser, mais chercher à comprendre l’autre, sincèrement. Même si ses paroles ou ses actions ont pu être blessantes, essayer de comprendre ce qui a l’a poussé se comporter de cette façon. Eviter de juger la personne, mais plutôt les comportements (parce que bon, le coup de juste dire ne pas juger, on va passer vite fait hein ).
  4. Admettre sa propre part de responsabilité/tort s’il y a lieu, parce que toi aussi tu es humain, et personne n’est parfait (friendly reminder)
  5. Se concentrer sur le sujet de négociation, et ne pas dériver dans des digressions en la forme d’anciens règlements de compte non résolus et d’histoires qui n’ont rien à voir avec le contexte actuel. C’est plus facile à dire qu’à faire, mais ce n’est pas impossible de se tenir au débat de base.
  6. Je suis tentée de dire ne pas alimenter le feu, maiiiiis je serais hypocrite 😈 Ne pas hausser le ton…ou au moins essayer.
  7. De l’humour, un peu, beaucoup…autant que tu peux ! On précise quand même qu’on parle du vrai humour sincère, des vraies blagounettes qui dissipent les tensions, et non des pics sournois que certains s’enverraient en se cachant sous couvert de faire de l’humour.