La fin d’année approche et avec elle les repas de fête avec leurs grandes tables garnies de (très) nombreux plats. Parmi ceux-là, il y aura sûrement du poisson et des « produits » de la mer en tout genre. Autant de mets raffinés et goûteux qu’on consomme, notamment pendant les fêtes, sans trop se poser de questions. Et pourtant…

Aujourd’hui, on prélève plus de poissons dans l’océan que celui-ci ne peut nous en offrir.  En prêt de 60 ans, notre consommation de « produits » de la mer a plus que doublé. Pour atteindre de telles quantités, la pêche s’est intensifiée et industrialisée à tel point qu’aujourd’hui, la FAO (organisation des Nations Unis pour l’agriculture et l’alimentation) estime que près de 90% des stocks mondiaux ne peuvent pas se régénérer parce qu’ils sont pleinement exploités (58%), voire surexploités (31%). Pour faire simple, ça signifie qu’on pêche trop sans laisser le temps aux populations de poissons de se renouveler. Celles-ci déclinent donc petit à petit et risquent même de disparaître totalement dans les années à venir.

Il y a peu, on a fait le point sur la consommation de viande et les problèmes éthiques et environnementaux liés à l’élevage industriel. Aujourd’hui, on remet le couvert avec les équivalents marins que sont le poisson et la pêche industrielle. Et comme pour tous les articles de ce type, on te donne les clés pour comprendre, mais aussi pour agir à ton échelle !

Pêche industrielle : la course au poisson

Les désastreuses conséquences de la surpêche

Comme on le disait en introduction, la surpêche, c’est quand on pêche trop par rapport aux réserves de poissons disponibles. Autrement dit, on ne laisse pas assez de poissons pour qu’ils puissent se reproduire suffisamment pour remplacer les poissons capturés. La surpêche a de nombreuses conséquences catastrophiques d’un point de vue écologique, mais aussi économique et social.

Disparition des espèces

Une des conséquences les plus évidente de la surpêche, c’est la disparition de certaines espèces de poissons. On les pêche de manière intensive sans se soucier du fait que les stocks ne sont plus reconstitués par la reproduction et puis un jour…plus rien. C’est notamment le cas du cabillaud de l’Atlantique Nord (Gadus morhua). Il a été pêché pendant cinq siècles par les pêcheurs de l’île de Terre-Neuve. À partir des années 1960, la pêche s’est intensifiée et le nombre de bâteaux a augmenté à tel point que la population de cabillaud s’est effondrée brusquement en 1991. Sa pêche a ensuite été interdite en 1992. Malgré tout, plus de 25 ans après, le stock de cabillaud peine encore à se reconstituer.

Déséquilibre des écosystèmes

Sous la mer comme sur terre, les espèces sont liées entre elles par la façon dont elles mangent ou se font manger. C’est ce qu’on appelle une chaîne alimentaire. Reprenons notre exemple du cabillaud d’Atlantique Nord. C’est un carnivore dont les proies sont des petits poissons herbivores, comme le capelan ou le hareng. La disparition de ce prédateur a entraîné une explosion des populations hareng et capelan : leurs stocks ont augmenté de 900% par rapport à leur niveau quand il y avait encore du cabillaud. Mais comme la chaîne alimentaire se poursuit (et oui, les harengs et capelans se nourrissent aussi), c’est tout un écosystème qui se trouve littéralement bouleversé.

⚠️ SOS plancton en danger

L’autre conséquence de la disparition des grands poissons prédateurs, c’est un effondrement du stock de plancton, cet ensemble de végétaux et animaux microscopiques qui se trouve à la base des chaînes alimentaires marines. Or, ce fameux placton est impliqué dans les cycles que captation du CO2 et de production de l’oxygène. Parce que non, ce ne sont pas les forêts les « poumons » de la planète, ce sont les océans…et le plancton. Malgré sa petite taille, ce dernier produirait 70% de l’oxygène présent dans notre atmosphère. Alors si tu veux continuer à respirer, tu devrais peut-être te soucier de la surpêche

🐬 Les prises accessoires

On continue le festival des annonces sur les dérives de la pêche industrielle avec la notion de « prises accessoires ». Il s’agit d’espèces pêchées accidentellement. Parce que oui, quand tu balances un filet qui fait plusieurs centaines de mètres dans l’eau, difficile de savoir ce que tu as dedans. Tortues, requins, dauphins, et même oiseaux marins : la FAO estime qu’il y a entre 18 et 39 millions de tonnes de captures accessoires chaque année. Tu noteras que la plupart de ces prises sont directement rejetées à la mer, car non commercialisables.

Perturbations sociales et économiques

Comme quelques chiffres valent parfois plus qu’un long discours, regarde ce qui suit :

  • 1 milliard de personnes, en grande partie dans les pays en voie de développement, dépendent du poisson comme source principale de protéines.
  • 200 millions de personnes sont directement ou indirectement employées dans l’industrie des « produits » de la mer.

La pêche et le poisson permettent à de très nombreux humains de vivre et se nourrir. En épuisants les stocks, la surpêche entraîne invariablement des problèmes économiques et sociaux. Tu te souviens de l’histoire du cabillaud canadien un peu plus haut ? Et bien lorsque sa pêche a été interdite en 1992, près de 43 000 pêcheurs se sont immédiatement retrouvés au chômage. Autant te dire que pour ces gens dont la pêche est le revenu principal, c’était un véritable coup de massue.

Que faire pour protéger la biodiversité marine ?

Tu l’auras compris, en détruisant la ressource qui la fait vivre, la surpêche n’a aucun avenir. Il est urgent de mettre en place des solutions pour empêcher cette pratique insensée qui est en train de vider les océans. Heureusement, il est possible d’agir ! Voici quelques pistes :

  • Créer des aires marines protégées
  • Promouvoir la pêche durable
  • Lutter contre la pêche illégale
  • Repenser notre consommation de poisson

Je te propose qu’on se focalise sur ce dernier point, puisque c’est celui qui te concernes directement et que tu peux mettre en pratique sans tarder.

Manger moins de poisson, mais mieux : astuces

Comme pour la viande, il est primordial de réduire notre consommation de poissons. Les ressources ne sont pas illimitées et elles sont précieuses pour certaines populations dont la vie en dépend. En France et en Europe, le poisson n’est pas un met indispensable. Si tu veux continuer à en manger malgré tout, voici quelques conseils pour consommer les « produits » de la mer de façon durable, de manière à préserver les océans et leur précieuse biodiversité.

🐡 Diversifie ton assiette

Dans le TOP 3 des espèces qu’on retrouve le plus dans nos poissonneries il y a le saumon d’élevage, les crevettes tropicales et le cabillaud. Le problème quand on mange tous la même chose, c’est que ça accroit la pression sur ces espèces et/ou que ça entraîne des modes de production plus intensifs. Alors en plus de manger moins de poisson, si tu essayais de varier un peu ? Tacaud, merlan bleu, anchois, sardine…il y a plein d’espèces peu valorisées qui sont pourtant excellentes !

En variant les espèces, tu réparties mécaniquement la pression exercée sur les ressources marines. Pour dire ça vulgairement : mieux vaut manger un peu de chaque espèce que d’une seule en grande quantité. En plus d’être un plus pour la biodiversité et l’environnement, c’est aussi une bonne façon d’élargir sa palette de découvertes alimentaires et de varier les plaisirs en cuisine.

🌊 Privilégie les circuits courts

Comme pour la viande ou encore les fruits et légumes, essaye autant que possible de valoriser les circuits courts (moins d’un intermédiaire entre le pêcheur et le consommateur) et de proximité. Après tout, ton poisson n’a pas besoin d’avoir fait le tour du monde. Et puis c’est une bonne façon de trouver des produits issus de la pêche artisanale, comme le bar de ligne de la côte française, le thon germon du Pays Basque ou encore le cabillaud des pêcheries normandes et bretonnes.

🎣 Regarde les labels

La règle numéro un d’une alimentation durable, c’est de savoir comment et a été fait le produit que tu viens d’acheter. Ça s’applique à tous les aliments, dont le poisson. Essaye donc de te renseigner sur la méthode de pêche utilisée pour être certain·e qu’elle n’a pas entrainée trop de captures accessoires ou détruits des habitats marins.

Pour te guider, il existe des produits certifiés, avec le label MSC (Marine Stewardship Council, une organisation internationale à but non-lucratif) notamment. Celui-ci t’indique que le poisson provient d’une pêche responsable. Pour être certifiée MSC, une pêcherie doit en effet respecter ces 3 principes :

  1. Des stocks de poissons durables : le niveau de pêche doit permettre aux poissons de se reproduire pour reconstituer le stock d’une année à l’autre.
  2. Un impact environnemental minimisé : les activités de pêche, quelle que soit la technique utilisée, doivent être gérées de façon à maintenir l’écosystème en place (sa structure, sa productivité, sa fonction).
  3. Une gestion efficace des pêcheries : la pêcherie doit respecter les lois en vigueur et savoir s’adapter aux différents changements.

Guide pour bien choisir son poisson

De manière générale, essaye de favoriser les poissons frais et non transformés.

L’ESPÈCE

❌ À éviter :
Les espèces menacées (thon rouge, requin)
Les poissons des grands fonds (flétan, grenadier, empereur, sébaste, sabre noir)

⚠️ Avec modération :
Les grands prédateurs (thon tropical, cabillaud)

✅ À privilégier :
Les poissons non-prédateurs (sardine, anchois, maquereau, hareng)
Les mollusques (moules)
Les herbivores d’élevage en eau douce (carpe, tilapia)

LE MODE DE PÊCHE

✅ À privilégier :
Les méthodes qui limitent les prises accessoires et la destruction des habitats marins : pêche à pied, casier, lignes de traîne, chalut pélagique, senne sur banc libre.

En privilégiant ce genre ce méthodes, tu choisis généralement une pêche plus artisanale. Tu fais donc aussi une action économique et sociale puisque la pêche artisanale emploie 12 millions de personnes dans le monde (contre 0,5 million pour la pêche industrielle).

EN BREF

Si tu ne sais pas/plus comment choisir, n’hésite pas à te tourner vers les produits labellisés MSC. Ce sera le gage que tu achètes du poisson dont la pêche n’épuise pas les stocks ou ne détruit pas l’environnement.

💡 Surveille les étiquettes
Dans l’Union Européenne, tu as le droit de connaître le nom complet du produit, le lieu d’où il vient et comment il a été pêché ou élevé. Si une de ces informations manquent, demande là. Si tu n’as pas de réponse, mieux vaut renoncer à l’achat du produit.

Cet article a été rédigé en partenariat avec MSC afin de soutenir leur nouvelle campagne à l’approche des fêtes de Noël. C’est certainement la période de l’année où on consomme le plus de poissons et « produits » de la mer, alors on espère que cet article te permettra de faire des choix de manière plus éclairée ! Sur ce, on te laisse avec la vidéo de cette campagne MSC.