En France, on produit plus de 350kg de déchets par habitant et par an. Ces déchets, ce sont autant de précieuses ressources naturelles et d’énergie gâchées et qui contribuent à détériorer l’environnement. Et vu la situation écologique actuelle, autant dire qu’on a mieux à faire que de pourrir la planète. Aujourd’hui, vendredi 15 novembre, c’est la journée mondiale du recyclage. Dans ce contexte, récupérer et valoriser des déchets, difficile d’être contre. Pourtant, le recyclage pose de nombreuses questions et n’est pas forcément LA solution miracle. C’est pourquoi dans cet article, on va t’expliquer grosso-modo le concept du recyclage, quelles sont ses limites et comment agir à ton échelle.

Le recyclage, un levier de l’économie circulaire

Le déchet est une trouvaille des humains qui ont inventé ce qu’on appelle l’économie linéaire. Il s’agit du fait d’extraire des ressources, de les transformer puis de les consommer pour qu’elles deviennent finalement des déchets inutilisables. Dans la nature, ça n’existe pas. Tout n’est que boucles, cycles et éternels recommencements. Des déjections des animaux, aux feuilles des arbres en passant par l’eau de pluie : chaque élément sert de matière première pour une autre espèce, un autre cycle. Le produit inutile – le déchet – n’existe pas.

Mauvaise nouvelle : cette économie linéaire est aujourd’hui le modèle dominant. L’idée  ? Produire le plus d’unités de produit pour réaliser des économies d’échelle et les avoir au plus faible coût possible. Mais comme tu t’en doutes, il y a une limite : les ressources de la planète ne sont pas infinies (et oui !).

Cependant, comme l’espèce humaine est plein de ressources, elle a trouvé une alternative qui s’inspire du bon sens de la nature : l’économie circulaire. Ce concept, popularisé dans les années 2000, repose sur le principe que les ressources de la planète sont limitées (bien vu) et qu’il serait bienvenue de recycler, réparer et réutiliser les matériaux plutôt que de les jeter après utilisation.

Plusieurs leviers existent pour préserver les ressources limitées de la Terre tout au long du cycle de consommation :

  • Avant : réduire la quantité de matière pour fabriquer les produits, avoir des filières d’approvisionnement responsables, produire moins.
  • Pendant : prolonger la durée de vie des produits, faire en sorte que les produits soient durables et réparables.
  • Après : donner une nouvelle vie aux produits, recycler les déchets pour les réutiliser ailleurs.

Comme tu le sentais venir depuis le titre de cette partie, le recyclage est donc un levier de l’économie circulaire. C’est un des outils qui nous permet de faire preuve de bon sens et de ne pas épuiser toutes les précieuses ressources de notre belle planète*.

*Pour subvenir aux besoins de l’humanité, il nous faudrait actuellement 1,75 planètes (ce que nous n’avons pas).

Comment bien trier ses déchets ?

Le premier maillon de la filière recyclage, c’est nous. Voici donc quelques consignes de tri ultra simple pour donner une chance à nos déchets d’êtres valorisés.

Le plastique

♻️ Se recycle : uniquement les bouteilles, flacons et bidons de produits ménagers. Pour celles et ceux qui veulent aller plus loin, ça correspond aux plastiques des catégories 1 et 2 ou les PET et PEHD (voir le logo triangulaire sous les emballages).

Ne se recycle pas : barquettes, sacs plastiques, films plastiques, bouteilles d’huile. Globalement, tous les plastiques qui ne sont pas cités ci-dessus.

Le papier et le carton

💡 Parfois dans la même poubelle que le plastique, parfois pas. Ça dépend des villes !

♻️ Se recycle : tous les papiers (journaux, magazine, autres), cartons d’emballage, cartons à pizza, etc.

Ne se recycle pas : mouchoirs en papier, essuie-tout.

L’acier et l’aluminium

💡 Parfois dans la même poubelle que le plastique et/ou le papier, parfois pas. Ça dépend des villes !

♻️ Se recycle : tous les emballages vides

Ne se recycle pas : aérosols de types solvants ou insecticides, « bombes » de peintures, produits toxiques.

Le verre

♻️ Se recycle : tous les verres (bouteilles, pots, bocaux).

Ne se recycle pas : la vaisselle, la céramique.

 

Nos astuces pour devenir un·e pro du tri :

🔍 Renseigne toi sur le tri sélectif dans ta ville. Les règlementations (types de produits pris en charge, couleur des bacs, etc.) diffèrent d’un endroit à un autre.

📝 Imprime un papier avec la liste des produits et le type de poubelle dans lequel ils vont. Tu peux le prendre sur le site de la mairie ou le faire toi-même (ça prend quelques minutes). Tu n’auras plus qu’à l’accrocher sur le frigo, dans l’entrée, dans le local poubelle de ton immeuble voire directement sur le bac de tri.

📆 En bonus, profites-en pour ajouter les dates de ramassage sur ce papier. Ça évitera que les poubelles de tri soient pleines et que tu jètes des produits recyclables dans la poubelle noire (un classique).

🔋 Rapporte tes objets aux points de collectes existants chez tes commerces de proximité : piles, ampoules, électroménager non réparable.

👕 Donne, revend ou dépose tes vêtements dans des bornes prévues à cet effets. Tu veux plus d’infos ? Rends-toi sur l’article « Trier, donner, vendre ses vêtements« .

🛋 Apporte tes encombrants dans un centre de recyclage, chez Emmaus ou dans une ressourcerie où ils pourront être réemployés.

🥒 Le cas des déchets organiques

On te prépare très rapidement un article complet sur le compostage pour parler de la valorisation de nos déchets de cuisine !

Au delà du recyclage, la nécessité de consommer moins

Maintenant qu’on a parlé du sujet consensuel qu’est le tri des déchets, passons au sujet qui fâche : ses limites. Parce que non, le tri des déchets n’est pas la solution qui va nous sauver. Le recyclage non plus d’ailleurs (désolée).

Beaucoup de déchets ne sont PAS recyclables

C’est notamment le cas du plastique. On nous noie sous les pubs de vêtements en bouteilles recyclées et autre injonctions des multinationales à bien mettre nos déchets recyclables dans la poubelle jaune/verte, mais il s’agit bien de greenwashing . Et pour cause, il n’existe pas un plastique, mais des plastiques. D’ailleurs, de nombreux emballages sont composés de plusieurs couches de plastiques (il y en a 7 à 9 différents dans un pot de yaourt, par exemple). Or, aujourd’hui, on ne sait recycler que deux matières plastiques (PET et PEHD).  Les autres plastiques ne sont pas recyclables, car la technique est trop complexe et/ou coûteuse en énergie. Ce n’est donc ni rentable économiquement, ni écologiquement parlant. 

🚯L’Asie : la poubelle du monde

Après « le plastique ne se recycle pas », restons dans la catégorie « 📰 BREAKING NEWS » avec celle-ci : une partie des déchets que tu mets dans ta poubelle verte/jaune termine…en Asie ! Pendant longtemps, la Chine a importé des milliers de tonnes de plastique, parce qu’elle avait les débouchés pour utiliser la matière recycler. Autrement dit, c’était rentable. Mais en juillet 2017, le gouvernement chinois en a eu marre d’être « la poubelle du monde » et s’est mis à renforcé les contrôle qualité des matières importées et à interdire beaucoup de catégories de déchets. Pas de bol pour l’Europe et les États-Unis qui se sont retrouvés sans marchés pour récupérer leurs déchets recyclables.

Alors, plutôt que de réfléchir ensemble pour créer des nouvelles filières de traitement des déchets, ils ont décidé d’envoyer leurs poubelles dans d’autres pays d’Asie du Sud à la législation moins stricte (Malaisie, Philippines, Indonésie) comme tu peux le voir dans ce reportage Konbini :

La production va plus vite que le recyclage

En parlant d’économie, le recyclage a un coût. Pas de chance, une matière recyclée est généralement plus cher qu’une matière « neuve ». Autrement dit, on sait toi et moi que de nombreux industriels continueront à préférer de la matière fraîchement extraite (du pétrole, si on parle de plastique) plutôt que d’utiliser la recyclé.

Mais ce n’est pas tout. Y a pas quelque chose qui te dérange dans le discours qui dit qu’il faut recycler sans parler de diminuer la production ? Parce que moi, ça me chiffonne. Traduisons ça de manière visuelle :

Recycler sans diminuer la production de plastique équivaut à éponger le sol de ta salle de bain pour empêcher l’inondation alors que le robinet de ta baignoire est ouvert au maximum 🚿

La solution : consommer et produire moins

La solution pour limiter les déchets est simplissime : en produire et en consommer moins. On peut donc toutes et tous agir pour limiter notre consommation de plastique, d’objets inutiles et d’emballages en tout genre, grâce aux principes du « zéro-déchet » notamment. On peut aussi sensibiliser ses ami·e·s, sa famille et ses collègues dès qu’on en a l’occasion. Enfin, on peut également encourager sa commune, son entreprise, son école ou celle de ses enfants à sensibiliser au sujet des déchets et de la surconsommation, voire à mettre en place des actions concrètes.

⚠️ Mais ne nous trompons pas d’échelle. On ne règlera pas le problème des déchets, et le gâchis et la pollution associés, si les grandes entreprises ne jouent pas le jeu. Aujourd’hui, une entreprise comme Coca-Cola produit plus de 3 400 bouteilles chaque seconde dans le monde. Autant dire qu’on n’a pas fini de recycler. Surtout que le plastique ne se recycle pas à l’infini, ne disparaît jamais, détruit notre environnement et notre santé…mais ça c’est une autre histoire. Tu dois donc avoir en tête que le problème est surtout politique. Pas forcément au sens du bulletin de vote, mais dans le sens où c’est un problème global, lié à l’organisation actuelle de notre société. Si tu veux agir à plus grande échelle, tu peux rejoindre une association ou une ONG pour faire pression sur les entreprises, les gouvernements et autres instances décisionnaires.