Quand on veut agir face à l’urgence climatique, on pense immédiatement à changer notre alimentation (plus locale, moins de viande et de poisson), souvent au recyclage et à la réduction du plastique, mais rarement à nos vêtements. Et pourtant, l’industrie de la mode est aujourd’hui une des plus polluante et néfaste pour la planète. Pour qualifier cette industrie, on a d’ailleurs trouvé un mot, fast fashion, qu’on pourrait littéralement traduire par « mode jetable ». Il existe aussi d’autres termes comme « mode-éclair » ou « prêt-à-jeter » pour désigner cette mode éphémère et pas cher.
Fast fashion : la mode jetable
L’origine de la fast fashion se trouve dans les années 1900, lorsqu’on a découvert la production en masse et que les prix ont chuté. À cette époque, les industriels ont commencé à ouvrir des usines de production dans des pays en voie de développement avec une main d’oeuvre bon marché. Bingo, les profits ont immédiatement augmenté ! Et comme une bonne idée n’arrive jamais seule, cette même industrie a décidé de développer des vêtements très peu chers qui ressemblent à ceux de la haute-couture. La fast fashion était née.
Actuellement, 80 milliards de vêtements sont produits chaque année à travers le monde. Au lieu d’une collection toutes les saisons, il y a des arrivages toutes les deux semaines en moyenne. Les magasins Zara sont ainsi passés de 4 collections à…24 collections par an ! La fast fashion a profondément modifié notre manière de consommer les vêtements en nous poussant à acheter toujours plus de pièces dont on n’a pas besoin. Ces vêtements, on ne les garde qu’environ 35 jours et on les porte en moyenne 5 fois. La fast fashion, c’est l’équivalent textile du fast food.
Ça peut te paraître anodin comme ça, une simple évolution des moeurs et des techniques de production. Mais ça ne l’est pas. Avec la fast fashion, l’industrie textile a accouché d’un monstre qui détruit tout sur son passage, l’environnement comme les humains. Elle devient ainsi la deuxième industrie la plus polluante, juste derrière l’industrie du pétrole. Beau palmarès 🏆
Les coûts cachés de la fast fashion
Quand tu achètes ta chemise à 10€ (pas cher, merci la fast fashion), sache que ce n’est pas son véritable prix. Ce prix hyper compétitif ne prend pas en compte ce qu’on appelle les « coûts indirects ». Ceux sont les coûts liés à tout le cycle de production d’un vêtement et ils sont majoritairement de deux types : humains et environnementaux.
Les coûts humains
Produire vite et pas cher, ça a un prix : celui de la vie des personnes qui fabriquent nos vêtements. Ce qu’on trouve en magasin en Europe provient majoritairement de deux pays : Chine et Bangladesh.
Le Bangladesh justement…ça te rappelle pas un truc ? Si tu sais, c’est dans la capitale de ce pays, Dacca, qu’un immeuble – le Rana Plaza – s’est effondré le 24 avril 2013 tuant plus de 1 100 ouvriers et ouvrières de l’industrie du textile travaillant pour des grandes marques occidentales. Avec ce drame, le monde a découvert l’envers du décor de la production textile mondialisée. En voici une liste non-exhaustive :
- Des salaires indécents, quand ils existent (et oui, un t-shirt à 9,90€ ne permet pas de rémunérer toutes les personnes qui ont travaillé pour le produire).
- Des usines vétustes, rarement aux normes (bruit, chaleur, pas de ventilation, etc.).
- Des salarié·e·s qui n’ont souvent pas de contrat et dont les droits sont bafoués.
- Des amplitudes horaires inadmissibles.
- Des mineurs exploités.
Bonus féministe : 68% des ouvriers de l’industrie textile sont des ouvrières. Si ces chiffres sur le coût humains exorbitant de l’industrie textile ne t’ont pas encore convaincu de boycotter les marques de fast fashion, la suite devrait achever de le faire.
Les coûts environnementaux
C’est bien simple, la pollution a lieu à tous les niveaux.
🌱 Culture
Environ 40% de nos vêtements sont fabriqués à partir de coton. C’est une plante tropicale, donc elle a besoin de chaleur, de soleil et d’eau. Beaucoup d’eau. Tellement que le coton est le troisième plus gros consommateur d’irrigation dans le monde. Mais son palmarès ne s’arrête pas là puisque le coton est aussi sur le podium côté pesticides : un quart de ceux utilisés dans le monde est dédié à sa culture.
D’après Greenpeace, la production d’un seul t-shirt en coton nécessite 2 700 litres d’eau, soit ce que tu bois normalement en…deux ans et demi ! Ah, et ce sont 7 000 litres pour un jean. Je te laisse faire le calcul pour ta tenue complète.
Bon ça, c’était pour les fibres naturelles. Mais il y a aussi des fibres synthétiques dont 70% sont issues du pétrole. Au menu, il y a notamment le polyester et l’élasthanne dont le mode de fabrication est extrêmement polluant et coûteux en énergie.
🚚Transport
Mondialisation oblige, les vêtements voyagent d’un bout à l’autre du monde durant leur cycle de production (culture, traitement, assemblage, vente). L’ADEME a montré qu’un jean peut parcourir jusqu’à 65 000 km du champ de coton au magasin. Soit 1,5 fois le tour de la Terre !
Tu te doutes bien que ces vêtements ne se baladent pas d’un pays à l’autre à vélo. Et tu as raison, puisqu’ils sont acheminés par cargo ou avion, deux moyens de transport très gourmands en pétrole. Autant dire que côté émissions de gaz à effet de serre, on est servi.
🏭 Production
L’industrie textile, ce n’est pas seulement des fibres, c’est aussi une longue liste de produits chimiques pour les traiter et les teindre : chlore, ammoniaque, soude, acide sulfurique, métaux lourds, formaldéhyde, phtalates, solvants… Autant de produits ultra-toxiques pour les ouvriers qui les fabriquent, l’environnement, mais aussi pour nous qui les portons. Certains d’entre eux sont interdits en Europe, mais rares sont les contrôles à ce niveau sur les produits importés.
Dans son rapport Dirty Launrdy, Greenpeace montre du doigt la Chine, l’un des principaux fournisseur de l’industrie textile, dont 70% des cours d’eau sont pollués par des produits de ce type. Plus généralement, 20% de la pollution des eaux dans le monde serait dû au traitement des textiles.
🧼 Entretien
Les dégâts de la fast fashion continuent même après l’achat. Quand tes vêtements synthétiques passent en machine, ils relarguent en effet plus de 1 900 de minuscules particules de plastiques qui vont droit dans les rivières et l’océan. Si tu veux visualiser l’ampleur de cette pollution, tu peux multiplier ça par le nombre de foyer et le nombre de machines par semaine.
🎁Bonus
Chaque année dans le monde, ce sont des milliards de tonnes de déchets textiles qui sont produits. Tu penses qu’ils sont recyclés ? Ça aurait été bien, mais ce n’est pas le cas. 85% des vêtements usagés finissent dans des décharges.
Agir à son échelle
On a conscience que ça fait beaucoup d’informations d’un coup et que tu dois te demander : « du coup, qu’est-ce qu’on fait ?« . Comme dans beaucoup d’autres domaines, il est possible d’agir à son échelle en passant en mode slow fashion (l’inverse de la fast fashion). Pour cela, la règle la plus importante est la suivante : achète (beaucoup) moins de vêtements. Car comme disait Coluche : « Quand on pense qu’il suffirait que les gens n’achètent plus pour que ça ne se vende pas !«
Voilà également quelques pistes pour ne plus encourager ce système destructeur :
- Simplifier sa garde robe, en choisissant de l’intemporel et/ou en misant sur les accessoires,
- Prendre soin de ses vêtements, les réparer quand c’est possible,
- Échanger les vêtements avec ses proches ou les donner à des associations comme Emmaus,
- Privilégier au maximum les vêtements de seconde main (friperies, Vinted, etc.),
- Quand on en a la possibilité, acheter des vêtements fabriqués localement (France ou Europe), dans des matières naturelles produites de manière durable,
- Informer son entourage, en partageant cet article par exemple.
💡Pour aller plus loin, tu peux regarder le documentaire The true cost disponible sur Netflix. Il y a également cet épisode de La Poudre dédié à la fashion révolution.
Super article et très´ intéressant 🙂 amenant à réfléchir sérieusement sur le mode de consommation
Surtout qu’on a tous et toutes le pouvoir de faire quelque chose à son échelle et de sensibiliser les autres 😉
Bravo pour cet article très intéressant ! Et bravo pour cette évolution chez Bonjour Darling !
J’espère que cet article éveillera des consciences. Car c’est à nous de refuser de consommer cette fast fashion, pour arriver à faire évoluer les choses. Moi-même, je ne consomme plus de fast fashion depuis un petit moment. Après, quand on a des enfants, c’est toujours tentant, mais j’essaie d’éviter au max, et je privilégie aussi beaucoup le 2nde main.
Merci ! Et bravo pour ce que tu as mis en place de ton côté, on fait tous et toutes de notre mieux 🙂
Merci de partager ce qu’est la fast fashion, de l’expliquer et de lutter contre. Ce n’est pas évident de ne pas y céder mais on peut tous en en effet faire un effort pour lutter contre. Vinted est devenu un allié pour moi comme les frippes ou les braderies depuis un bon moment déjà.
Je travaille avec des ados et j’en parlais justement hier avec eux. Ils sont de véritables consommateurs de cette industrie ! Ceux que j’avais en face de moi ne s’étaient jamais posés la question de pourquoi je paye un teeshirt à 9€…qu’est ce qui se cache derrière. Et quand je leur ai expliqué la fast fashion c’était la découverte…alors peut être qu’ils continueront à (hyper) consommer mais je me dis qu’au moins si j’ai pu implanter une petite graine pour qu’ils y réfléchissent un peu c’est déjà ça ! bonne journée à toi
Il est certain que la prise de conscience démarre par le fait d’avoir accès à l’information. On ne commence à agir que lorsqu’on comprend ce qu’il se passe derrière nos vêtements et leur prix. Bravo pour ces petites graines plantées et en espérant qu’elles germent rapidement
Magnifique article qui nous rappelle qu’il est possible d’agir à notre échelle… Bravo !!!
Merci ! On croit en l’écologie positive ici 🙂
trop drôle ta tête ! Mais le message véhicule du beau. La mode féminine et tous ses vêtements sont trop ancrés dans la fast fashion c’est vrai, le seconde main est en vogue heuresement